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La Cravate
Dans le dictionnaire, la définition de la cravate est celle d'une pièce d'habillement masculin destiné à protéger le cou en l'entourant.
Son nom viendrait d'un régiment de Croates, qui auraient importé son usage en France. Sa forme a souvent varié pour la mettre en harmonie avec l'ensemble du vêtement qu'elle accompagne. A son origine, la cravate était plus une nécessité qu'un accessoire du vêtement. Elle n'est d'abord qu'un foulard que les Romains portent noué autour du cou. Elle disparaît ensuite pendant de longues années et réapparaît au XVIè siècle sous forme de collerettes puis d'un grand col de dentelle.
La vraie cravate n'apparaît en 1668. C'est une écharpe nouée, faisant un ou plusieurs tours autour du cou. Elle est blanche, en mousseline, ornée de dentelle aux extrémités.
En 1692, après la bataille de Steinkerque, on adopte la cravate dite "à la Steinkerque", d'aspect débraillé, dont l'extrémité passe dans la sixième boutonnière de l'habit ; son nom viendrait de ce qu'à la bataille de Steinkerque, les officiers franà§ais, surpris par la rapidité de l'attaque, n'eurent pas le temps de nouer leur cravate, et combattirent dans cet équipage.
A la fin du siècle, elle est remplacée par la Crémone, simple ruban de dentelle autour du cou.
Puis, pendant pour ainsi dire la totalité du XVIIIè siècle, la cravate disparaît du costume masculin. Elle est remplacée par un tour de cou à trois plis en mousseline blanche. Il faut attendre la fin de l'Ancien Régime pour voir la cravate réapparaître, mais sous une forme différente de ce qu'elle était sous Louix XIV. C'est un grand carré de mousseline blanche, plié en diagonale, noué sur le devant. Grande variété dans le nouage et l'importance de la cravate. Sous le Directoire, elle est très engonà§ante. On met des cravates blanches, mais aussi des cravates à motifs en madras le matin, des cravates noires dérivées de l'usage militaire.
Cette cravate aboutira à la cravate romantique sans grandes modifications. On s'attachera à soigner de plus en plus son ajustement ; c'est ce que Brummel fera plus que d'autres, et l'on verra pulluler des petits ouvrages sur l'art de mettre sa cravate.
La cravate est noire dans la journée, ce qui est plus sport, et blanche le soir avec le frac. Peu à peu, la cravate noire sera universellement adoptée par la bourgeoisie avec la redingote noire ou grise, tenue réputée correcte, qui durera jusqu'à ce siècle.
A mesure que la cravate romantique diminue d'ampleur et d'engoncement, on peut en distinguer plusieurs dérivées :
le simple noeud autour du cou, qui deviendra l'accompagnement obligatoire de l'habit moderne,
la cravate-plastron, qui s'étale sur la chemise, maintenu par une épingle et qui accompagne encore la jacquette dans certaines cérémonies
la cravate-régate, qui apparaît à la fin du Second Empire, et qui est la cravate moderne.
A la fin du siècle dernier, certaines variantes sont portées par certains groupes sociaux bien définis: lavallière pour les artistes, les poètes, etc.
LA CRAVATOMANCIE ou l'art de deviner l'homme qui se cache derrière une cravate
Le timide : Il porte un noeud discret, étroit. Sa cravate descend jusqu'à la ceinture, ses coloris préférés sont foncés ou très neutres.
Le sportif : Son noeud est là¢che, souple, nonchalant. Il aime les couleurs, les motifs, les cravates-clubs, les cravates tricots, les cravates lavables. Les pans ont une bonne largeur et restent souples, parfois flottants.
L'artiste : Il met dans son noeud de cravate (s'il a du talent) la souplesse intellectuelle qui le caractérise et le côté désinvolte qui lui va. Les pans sont souples et larges.
Le Don Juan : Sa cravate est courte à noeud proéminent. Il provoque déjà dans la faà§on ostentatoire dont il s'habille.
Le Technocrate : Méticuleux, il ne peut guère exprimer l'imagination et la fantaisie. Il se contente du complet classique et foncé, des cravates en camaàeux ou strictement assorties. Son noeud est fait avec méthode, toujours parfaitement géométrique à pans de largeur moyenne, tout à fait conformistes.
Le BCBG : Il aime l'harmonie, la sobriété, les camaà¯eux, les couleurs complémentaires pour sa cravate et sa pochette. Il aime les belles matières, le noeuf graphiquement réussi mais moyen, les pans classiques retenus dans un gilet. Il sait parler d'amour, il est stable mais pas toujours très drôle !
Le snob : Il n'aime que le cachemire et reste très pointilleux sur les griffes des couturiers (qu'il s'arrange pour exhiber d'une manière ou d'une autre). Il faut que ce soit cher et exotique pour lui plaire. Attention, son intelligence peut être rudimentaire même si sa cravate est assortie à la carrosserie de sa voiture !
L'anar : Il porte ou ne porte pas de cravate. S'il en porte, l'important pour lui reste à provoquer, de porter n'importe quelle forme n'importe o๠et n'importe comment. Passionné et violent, il aime les trucs fous et les jette facilement.
Le punk : Cravate étroite, genre lacet et tout à l'avenant : couleurs insolites, matières révolutionnaires, formes provocantes. Un garà§on marginal.
(Bibliographie : "Dictionnaire de la mode au XXe siècle" sous la direction de Bruno Remaury, Paris : éd. du Regard, 1994 et "Les mots du costume" par Colette Guillemard, Paris : éd. Belin, 1991)